Le cortex cingulaire antérieur semble jouer un rôle dans une grande variété de fonctions cognitives telles que l’anticipation de récompense, la prise de décision, l’empathie et l’émotion. C’est lui qui fait le calcul coût-récompense lors de notre prise de décision. « Plus l’échéance est lointaine, moins l’effort paraît coûteux et moins la récompense est gratifiante » indique l’étude.
En d’autres termes, notre cerveau va d’abord analyser les efforts à fournir avant même de connaitre les bienfaits et avantages de la tâche à effectuer.
« La procrastination pourrait être spécifiquement liée à l’impact du délai sur l’évaluation des tâches exigeant un effort. Plus précisément, elle peut s’expliquer par la tendance de notre cerveau à décompter plus vite les coûts que les récompenses », dit Mathias Pessiglione, un des auteurs de l’étude
Le cerveau des procrastinateurs surestime négativement l’effort car il ne supporte pas d’attendre pour obtenir une récompense. Il attribue une valeur plus importante à n’importe quel plaisir, pourvu qu’il soit obtenu sans délai. Il se décourage avant même de se lancer dans l’action, oubliant que l’effort produit de la satisfaction à long terme, bien meilleure pour le moral que la course sans fin aux plaisirs immédiats.
Combattre l’impulsivité par la stratégie des petits pas
Pour éviter la fuite en avant, une solution consiste à découper les tâches complexes en tâches simples, avec des échéances rapprochées et faciles à atteindre. Si se lancer dans la lecture d’un livre de 500 pages paraît insurmontable, on peut se fixer un défi de lire un maximum de pages en 15 minutes. Moins on a de motivation intrinsèque, plus il est utile d’ajouter des récompenses aux efforts consentis.
La vertu du découpage est de réduire le sentiment d’effort, de rapprocher le but et, finalement, de découvrir la satisfaction de l’accomplissement. Comme le disait Lao Tseu, « un voyage de mille lieues commence par un pas ».
Quand on surmonte la frustration du délai, on entre dans une spirale vertueuse qui nous fait oublier l’effort au profit du but. On finit par apprécier l’activité pour elle-même, et parfois entrer dans le flow que j’évoquais dans mon précédent article (ici).
La procrastination est vaincue par les petites luttes quotidiennes contre notre impulsivité. Cela se joue dans les activités les plus banales, et toutes les petites batailles remportées s’accumulent pour conduire à la victoire contre le pernicieux ennemi. Repasser une chemise ou lire un article plutôt que scroller- même cinq minutes- sur TikTok sont de petits pas qui font avancer la cause.