Comment cultiver son temps libre ?

A l’approche de l’été notre attention s’oriente vers le temps béni des vacances, qui va apporter le repos, la détente et le ressourcement dont nous rêvons tous. Nous allons pouvoir ranger nos montres, profiter de nos familles, allonger les temps des repas, siroter des mojitos, retarder le lever et le coucher, sortir de la logique de la rentabilité, en un mot buller. Nous en avons perdu l’habitude hélas, à cause de notre mode de vie frénétique. Mais nous en avons besoin. Le cerveau réclame les temps de pause où on ne fait rien, c’est ainsi qu’il consolide les apprentissages, renforce la mémorisation. En dehors du repos si bienfaisant, comment allons-nous occuper nos vacances ? Tous les loisirs se valent-ils ?

 

Jamais, l’être humain n’a eu autant de temps libre depuis le début de la civilisation. Les chiffres sont éloquents :  en 2015, le temps de travail représentait 12 % d’une vie éveillée, contre… 70 % en 1841 ! L’abondance du temps libre est un défi redoutable et ignoré de notre époque. Il fait l’objet d’un aveuglement total, car est toujours vu comme un bienfait. Mais l’utilise-t-on de manière opportune ? Le divertissement a pris le pas sur les autres loisirs et constitue une menace pour notre civilisation.   C’est la thèse défendue par Olivier Babeau dans son remarquable essai La tyrannie du divertissement.

 

L’auteur distingue trois catégories de loisirs : le divertissement, les relations sociales et le skholé. Le divertissement est le plus populaire des trois. Il regroupe les activités qui procurent un plaisir immédiat, vident la tête et n’ont d’autre motif que de nous « éloigner de nous » (selon Pascal). C’est ce qui se passe quand nous scrollons sur les réseaux sociaux, jouons aux jeux vidéo ou nous gavons de séries. Le temps gagné à force de prodiges technologiques a été capturé par une poignée d’acteurs qui règnent sur nos cerveaux. Nous le gaspillons hélas dans des divertissements superficiels qui nous laissent apathiques

Le loisir social consiste à se ressourcer au contact des autres.  Historiquement, ce temps était l’apanage de l’aristocratie. Paraître, entretenir ses amis, être présenté et reçu : telles étaient les occupations de ceux qui n’avaient pas à travailler. Le but et l’effet de cette occupation étaient de compter dans « le monde ».

Le skholé ou loisir studieux , propre aux Grecs,   est fondé sur le perfectionnement de soi. Il passe par l’acquisition souvent longue et parfois austère de capacités nouvelles dans de nombreux domaines : culture, sports, arts, langues, cuisine, bricolage, lecture….

 

Le problème vient du déséquilibre entre ces trois types de loisirs. On devrait logiquement consacrer un tiers de nos loisirs à chaque catégorie. Mais le divertissement passif et stérile dévore tout, car il est irrésistible pour l’attention. Il faut beaucoup de motivation pour résister à l’appel du plaisir immédiat !

 

Les vacances seront bénéfiques à condition de ne pas se laisser engloutir par les écrans.  Mon conseil aux parents : ne lâchez pas le contrôle des smartphones sous prétexte que c’est l’été. Les mauvaises habitudes s’installent vite et sont difficiles à modifier. Ne laissez pas vos enfants succomber aux sirènes de la distraction. Méfiez-vous en particulier de Tiktok, le plus addictif des réseaux sociaux. Soyez inventifs pour proposer à vos ados des loisirs intelligents qui développeront leurs capacités. La panoplie est large, le critère de discernement simple : ça prend du temps, demande des efforts. Priorisez les jeux de société, les activités créatives et qui se jouent à plusieurs. Elles procurent un sentiment d’accomplissement. Les bénéfices rejailliront sur les études.

L’attention ça s’apprend. Je peux vous aider à l’améliorer.

 

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut