La concentration n’est pas un effort physique
On associe souvent la concentration à l’effort mais ce n’est pas une bonne image. Simone Weil la philosophe disait : » Vingt minutes d’attention intense et sans fatigue valent infiniment mieux que trois heures de cette application aux sourcils froncés qui fait dire avec le sentiment du devoir accompli : J’ai bien travaillé. » La bonne concentration est fluide et devrait produire une sensation d’aisance avec tout ce qu’on fait.
Bien des élèves se découragent parce qu’ils ne trouvent pas cette fluidité dans les activités demandant de l’attention soutenue. Car il faut beaucoup de pratique pour obtenir la sensation d’aisance, comme dans toutes les activités physiques ou artistiques. Il faut supporter la frustration de ne pas y parvenir du premier coup, ce qui est difficile quand on se laisse happer par les sirènes de la distraction et du plaisir immédiat.
L’attention a deux visages. Distinguer l’attention réactive et l’attention soutenue permet de mieux la travailler, comme je l’explique dans mon précédent article sur le paradoxe de l’attention ici.
La stimulation intellectuelle est une source de joie profonde.
Mener une activité stimulante intellectuellement et gourmande en attention soutenue produit un sentiment d’accomplissement. C’est ce que montre Mihalyi Csikszentmihalyi dans son livre Vivre. Il définit le flow comme étant cette zone d’état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement immergée dans une activité difficile faisant appel à une compétence élevée.
Lorsque l’on est absorbé par la tâche, on est connecté à 100%, on perd la notion du temps, rien d’autre ne compte. Le sentiment d’accomplissement rend heureux. C’est le cas des sportifs, des artistes, mais la bonne nouvelle, c’est que tout le monde peut atteindre ce flow dans n’importe quelle activité, y compris les exercices scolaires.
Ne pas confondre satisfaction à long terme et plaisir immédiat
L’attention est attirée par tout ce qui brille, est nouveau, facile, amusant ou procure des émotions fortes. Scrawler sur Instagram ou Tiktok est irrésistible, car cela envoie un shoot de dopamine dans le cerveau, qui rend dépendant. Mais à force de se gaver de plaisirs immédiats, on ressent une insatisfaction à long terme. C’est comme se gaver de bonbons. A la fin, on est écœuré. À l’inverse, se lancer dans un commentaire de texte ou une démonstration mathématique ne procure pas de plaisir immédiat, mais plutôt un sentiment de frustration, car on y parvient rarement du premier coup. A force d’effort, d’essai et de répétitions, on finit par aboutir, ce qui procure un sentiment intense de satisfaction.