Avec le printemps éclot la saison des oraux : oral de français, grand oral du Bac, de Sciences Po, oraux de personnalité des concours post-prépa, soutenances de mémoires… Ces épreuves sont redoutées par bien des élèves, à juste titre.
La peur de parler en public est fort répandue. Selon le Brain Research Institute, elle concernerait 74% d’entre nous. Elle ferait même partie des peurs les plus profondes et les plus tenaces. Une étude américaine de l’Université de Chapman la classe au premier rang de nos craintes, devant la peur du vide et la peur de mourir… L’école française n’habitue pas les élèves à s’exprimer oralement, ce qui renforce leur appréhension d’affronter un jury.
La glossophobie est une des principales manifestations de l’anxiété sociale. Le trouble se manifeste par des signes physiques : mains moites, accélération cardiaque, rougissement, débit précipité, bouche sèche, tremblements, transpiration excessive, nausée… Dans les cas extrêmes, la peur peut devenir paralysante.
Pourquoi parler en public est-il si angoissant ?
Il n’est pas naturel d’avoir plusieurs paires d’yeux braquées sur soi. Être le centre d’attention rend vulnérable. Le cerveau limbique, siège de émotions, analyse cette situation comme le signal d’un danger imminent : un tigre va attaquer. Aussitôt il envoie des hormones pour préparer le corps à la fuite ou au combat et débranche la partie du néocortex qui conserve les connaissances.
D’autre raisons s’ajoutent :
- La peur du jugement, qui dénote une relation peu sereine de soi à soi. Les perfectionnistes sont davantage touchés. Comme s’ils portaient un suricate sur l’épaule, qui susurrerait à leur oreille « tu vas te planter »…
- Le manque de préparation : il est difficile de parler quand on ne sait pas ce qu’on va dire.
- Et son inverse, l’excès de préparation, le par cœur mot à mot. Il est impossible de créer une connexion avec le jury quand on est verrouillé sur soi-même.
- La pression de l’enjeu, qui grossit l’obstacle.
Comment la vaincre ?
Keith Johnstone, le pape de l’improvisation théâtrale, livre ses conseils à contre-courant de ce qu’on entend d’habitude :
- Acceptez votre peur au lieu de la combattre ou la réprimer. La peur est normale, c’est en l’accueillant qu’elle diminuera.
- Cherchez la relation avant tout : « Faites preuve de curiosité et d’écoute active ». Etre réceptif permet de créer un échange dynamique et d’arrêter de s’observer.
- Acceptez l’erreur, considérez-là comme une occasion de rebondir et de vous adapter aux intérêts de l’auditoire.
- Soyez vous-même, ne tentez de coller à une image idéale, cela sonne faux et coûte cher. « Essayer de faire de son mieux c’est tenter d’être meilleur que ce qu’on est ».
Des conseils plus classiques sont également valables :
- En amont, travailler sur la respiration, la relaxation. Prendre de grandes inspirations allonger l’expiration pour obtenir la détente musculaire.
- Préparer sans sur-préparer : suivre une structure, s’exprimer simplement, ralentir le débit, avoir les idées claires.
Les compétences orales se travaillent, l’entraînement est souverain pour progresser.