Comment s'y mettre enfin ?

Après l’euphorie de la rentrée, le rythme scolaire se met en place doucement. La problématique des devoirs revient au galop.  Quand les enfants rechignent à s’y mettre, cela engendre des conflits qui peuvent durablement altérer la paix familiale. Les étudiants sont confrontés à la même difficulté, mais la bataille s’est décentrée sur le terrain intérieur. Ils se battent contre eux-mêmes, dépensent parfois une énergie colossale sans obtenir de résultat, ce qui alimente leur mauvaise estime d’eux-mêmes, augmente leur stress et peut même les conduire à la dépression…

Je l’ai encore constaté cette semaine à la prépa de médecine [1]  avec mes élèves de Terminale qui anticipent leur entrée en PASS.  L’enjeu de la mise au travail est crucial, et pourtant ils reconnaissent ne pas savoir comment faire.

 

Ils ont beaucoup mal à s’y mettre

C’est leur principale difficulté, pas tellement étonnante quand on connait le fonctionnement de l’attention. La loi de l’attention, c’est d’être toujours attirée par ce qui est saillant, brillant, facile et plaisant. C’est précisément ce qui fait le succès des applications dont raffolent les jeunes : elles sont irrésistibles et favorisent la procrastination. J’ai demandé mes quatre-vingts élèves de prépa de relever leur temps d’écran (hors ordinateur…) de la semaine de rentrée. Les chiffres sont éloquents : 25% sont autour de 2h30h/ 3h par jour, 50% entre 3 et 5h, 25% au-dessus de 5h/j (dont plusieurs à 7h/j). La corrélation entre temps d’écran et réseaux sociaux est nette : plus ils consomment de réseaux sociaux, plus leur temps d’écran augmente. Quand on passe plus de 3h par jour sur TikTok ou Instagram, il est objectivement très compliqué de trouver les ressorts de motivation pour apprendre un cours…

Les écrans grignotent les deux espaces indispensables à la réussite des études : le temps de travail concentré et le sommeil. Une fois ce diagnostic posé, quels sont les remèdes ?

La libération par la contrainte

La volonté marche mal. On doit l’engager, mais il est prudent de ne pas compter sur elle. Elle n’est pas taillée pour résister aux puissants distracteurs qui utilisent les biais comportementaux pour nous rendre addicts. Seule solution : agir sur l’environnement, installer des habitudes, des rituels qui limiteront les efforts de mise en route.

Il faut commencer par éloigner la tentation du téléphone. On peut le laisser dans une autre pièce, le confier à un tiers (mais gare aux disputes si on souhaite le reprendre) ou installer des applications de concentration, comme Forest, basée sur un système de récompense. J’ai testé auprès de mes élèves tous ces remèdes. Leur faiblesse réside dans le fait que l’on peut revenir en arrière. La solution ultime : la boîte à portable à verrouillage irréversible [2]. Cette boîte a été inventée par des ingénieurs américains pour éviter le grignotage. Après quelques carrés de chocolat, on place la tablette dans la boîte en programmant la fermeture jusqu’au lendemain. Elle est parfaitement adaptée aux Smartphones. C’est l’impossibilité de revenir en arrière qui rend le système efficace. Se séparer physiquement du portable est un geste symbolique fort. L’attention n’ayant plus le choix de faire autre chose, elle se laissera enfin mener vers le travail soutenu.

Puis installer un rituel de mise en route. On programme une séance de travail concentré, avec minuteur mécanique  et on travaille à 100% sans distracteur pendant 25 à 50 minutes. Puis on fait une courte pause, avant de recommencer une séance différente.   La loi de Parkinson énonce que « le travail s’étale sur toute la durée qu’on lui accorde ». Comprimer le temps favorise la concentration. Savoir que l’on aura fini dans un délai acceptable renforce l’acceptabilité du travail.

Moins on est motivé, plus la contrainte doit être forte. L’attention est libérée par la contrainte. Moins on a de choix, plus c’est facile de s’y mettre. L’idée est paradoxale : plus on pose des règles extérieures, plus on bâtit un cadre, plus il est facile de se concentrer. Ceux qui sont passionnés par leur matière n’ont pas besoin de recourir à de tels subterfuges, ils aiment ce qu’ils font et goûtent à la satisfaction du devoir accompli. Pour les autres, il n’y a pas le choix. C’est le prix à payer de l’attention retrouvée…

[1] Je donne des cours de méthodologie à Antemed Epsilon https://antemed-epsilon.fr/

[2] Ksafe Kitchen, phone lock box product, https://www.amazon.com.be/Kitchen-Safe-Bo%C3%AEte-minuterie-refermable/dp/B00UY0TL5Q

 

Vous avez des difficultés pour vous y mettre ? Ne parvenez pas à vous concentrer? Je peux vous aider par des cours particuliers. 

 

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