Le TDAH est un trouble neurobiologique qui se manifeste dès l’enfance par des symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité/impulsivité et, pour certains, d’hyperactivité émotionnelle. En France – comme en Europe – le TDAH concerne entre 3 et 5 % des enfants en âge scolaire et 3 % des adultes.
Est-ce que ce chiffre a augmenté au cours des ans ? La réponse n’est pas si simple.

 

 

En France, des cas d’enfants agités et inattentifs sont répertoriés dès le XIXe siècle. Au début du XXe siècle, des scientifiques émettent l’idée que ces comportements inappropriés ne sont pas dus à un défaut de volonté ou une mauvaise éducation, mais liés à des problèmes neurologiques. Il faut attendre les années quatre-vingt pour s’accorder sur les termes de Troubles de l’Attention avec ou sans hyperactivité et les moyens de poser le diagnostic. Un traitement médical et une remédiation comportementale sont depuis proposés.

 

Si on ne connaît pas encore les causes exactes du déficit d’attention, les études sont formelles : le TDAH est un trouble du développement neurologique, probablement d’origine génétique. Des facteurs environnementaux, neurobiologiques et neuropsychologiques augmentent le risque de développer un TDAH. L’héritabilité serait de 76 %. On observe plus de cas chez les garçons, mais il est peut-être sous-évalué chez les filles, en raison d’une expression du trouble moins bruyante.

 

Ce qui est certain, c’est que le vrai TDAH n’est en aucun cas le résultat d’une mauvaise éducation. A contrario, la manière d’élever et d’accompagner un enfant qui souffre de TDAH influencera grandement l’adulte qu’il va devenir.

 

Il ne semble pas que l’on assiste à une explosion du nombre d’enfants touchés. Ils sont mieux répertoriés, mieux pris en charge, parce que l’on comprend mieux les difficultés cognitives qu’ils présentent. Les personnes atteintes de TDA développent souvent une mésestime d’elles qui peuvent conduire à l’aggravation des troubles, jusqu’à la dépression grave. Des témoignages d’adultes permettent de prendre conscience des difficultés quotidiennes que ce trouble engendre.

 

« J’ai l’impression d’héberger une téléphoniste dans ma tête. Elle s’occupe de plusieurs lignes en même temps, coupant la communication et passant d’une conversation à l’autre sans mon consentement. » Tiré de Mon cerveau a encore besoin de lunettes, Dr Annick Vincent ; Les éditions de l’homme, p 42. – Anne, 45 ans

 

 

Lorsque l’on prend la mesure des difficultés engendrées par un TDAH sur le plan scolaire, social et psychologique, on se rend mieux compte de la chance que l’on a d’être préservé, c’est-à-dire capable de moduler ses idées, mouvements et comportements. Si l’on ne peut pas parler d’épidémie de TDA/H, on peut en revanche constater une recrudescence de personnes qui développent des difficultés d’attention et de concentration, parce qu’elles ne préservent pas leur capital attentionnel.

 

 

Plusieurs facteurs agissent défavorablement sur l’attention :

• La fatigue, qu’elle qu’en soit la cause (maladie, manque de sommeil, surcharge cognitive).
• Les émotions négatives : stress, anxiété, tristesse, colère…
• Le manque d’organisation : absence de règles, mauvaise gestion du temps et de l’espace
• Une hygiène de vie déplorable : mauvaise alimentation, manque d’activité physique, trop d’écrans, horaires de sommeil irréguliers
• La prise de certaines substances ou médicaments

 

 

Une attention altérée par la combinaison de plusieurs facteurs peut facilement être confondue avec un TDA. Seul un professionnel compétent est capable de poser le diagnostic, qui est toujours clinique, à base de dialogue et de questionnaires.

Dans un monde hyperconnecté et saturé d’écrans, préserver le capital attentionnel des enfants est décisif. Comment faire ? En leur proposant des activités qui exigent un certain niveau d’attention soutenue, c’est-à-dire qui engagent la concentration sans stimuli extérieur. L’excès de jeux sur écrans abîme l’attention soutenue et risque de peser fortement sur le développement cognitif futur des enfants. Charge aux parents de parvenir à réguler les écrans, ce qui n’est pas une mince affaire…