À l’heure du départ en vacances, je sonde ma mémoire pour établir le bilan de l’année scolaire qui vient de s’achever. Entre les stages de méthodologie, les formations en entreprise et les accompagnements individuels, j’ai coaché et formé près de deux cents personnes d’âges et de profils variés, de douze à quatre-vingts ans. Ce qui me frappe et me plaît, c’est la variété de mes élèves. Les conseils méthodologiques ne sont pas réservés à ceux qui galèrent. En matière de concentration, de mémoire ou d’aisance orale, nous pouvons tous progresser.

Si la principale difficulté des jeunes est de parvenir à s’y mettre, les salariés, sans cesse dérangés, peinent à trouver des bulles de concentration pour mener les tâches gourmandes en attention soutenue. Tous sont conscients de la difficulté à maîtriser les dévoreurs d’attention.

Que reste-t-il de ces centaines d’heures de cours données ? Pour bien connaître le fonctionnement de la mémoire, je sais qu’elle opère un tri impitoyable pour laisser place à la nouveauté. Comme tout le monde, j’oublie beaucoup, mais il reste des pépites au fond de ma passoire, que je ne me lasse pas de savourer.

Je ferme les yeux et revois :

• Ulysse qui découvre pour la première fois le plaisir de lire et m’annonce fièrement : j’ai lu le tome 1 du comte de Monte-Cristo, 800 p en 12j, lol.

• Les moments précieux où je parviens à obtenir une attention collective féconde, et ressens physiquement le crépitement des intelligences,

• Emma, Marceau, Agathe, Baptiste et tant d’autres, qui, les yeux pétillants, récitent sans une erreur la chronologie de l’histoire de France depuis 1789 à nos jours

• Jules qui a validé tous ses partiels malgré ses difficultés d’apprentissage

• Eliot qui a réussi le difficile oral de l’ENAC pourra concrétiser son rêve de devenir pilote

• Tous les courageux qui ont pris conscience de leur consommation élevée de RS et ont désinstallé TikTok

• Grégoire, ancien décrocheur, qui non seulement s’est mis à travailler mais y a trouvé une joie d’apprendre insoupçonnée et a validé son M1 dans les dix premiers de sa promo

• Victor, que j’ai orienté vers une consultation de troubles de l’attention et pour qui un traitement a tout changé

• Lucile, qui comprend comment solliciter sa mémoire épisodique pour retrouver ses souvenirs

• Dominique, joyeux de me raconter le succès du discours de mariage que je l’ai aidé à écrire

• Anne et Olivia, grand-mères dynamiques, tellement contentes de découvrir le truc infaillible pour enfin retenir les noms des gens.

Je me rappelle aussi mes frustrations : comment aider Marie-Laure à mieux compenser ses pertes de mémoire ; Alain, pour qui trop de mots restent coincés au bout de la langue ; ou Antonin dont les difficultés scolaires sont le symptôme de troubles psychiatriques plus profonds ? En entreprise, comment motiver ceux qui n’ont pas choisi de suivre la formation et me le font sentir ?

Je reste soucieuse d’améliorer ma pratique et je suis toujours à la recherche de nouvelles idées et recommandations. Actuellement, je suis une formation sur les troubles de l’attention à l’Université de Genève : Vivre avec le TDAH à travers les âges. Cela me permet de mieux comprendre ce trouble, pour mieux adapter les recommandations méthodologiques.

Je ne me lasse pas de découvrir de nouvelles personnes, de nouveaux cas à aider. À l’heure de la multiplication des cours à distance et de l’intelligence artificielle, je suis persuadée que rien ne remplace la relation.

Merci de la confiance que vous m’accordez. Bonnes vacances.