Comment prendre des résolutions qui tiennent
Le début d’année rime avec résolutions.
Pour bien les intégrer, je les écris et les affiche sur mon frigo.
Cette année, j’irai nager régulièrement, ne boirai pas en semaine, relirai Proust et réduirai mon temps d’écran à 1h30/j.
Je me lance avec ardeur et confiance dans ce vaste programme. J’ai acheté vingt tickets de piscine, installé des limites sur mes réseaux sociaux et lu les cinquante premières pages de la Recherche.
Bilan au 15 janvier : je suis allée une fois à la piscine, ai attrapé un rhume qui m’a ôté toute envie de renouveler l’expérience. Mon anniversaire, celui de mon fils, de ma mère, d’une vieille copine tombent en semaine, impossible de renoncer au champagne ! Quatre pages de Proust suffisent à me propulser dans les bras de Morphée. J’ai à peu près tenu le temps d’écran car ne suis pas accro aux réseaux sociaux.
Cela me contrarie, me dis que je n’ai aucune volonté, que je suis nulle.
Mais après réflexion, ce n’est pas moi le problème. Le problème, c’est de supposer qu’il suffit de prendre des résolutions pour pouvoir les tenir. Les études sont formelles : 85% des résolutions prises avec entrain le 1er janvier sont abandonnées avant mi-février.
Il y a trois raisons majeures à ce naufrage :
- L’objectif est mal posé
Un bon objectif doit être mesurable et avoir une échéance. Perdre du poids, lire plus, ou faire plus de sport sont des objectifs flous. Pour pouvoir mesurer les progrès, il faut découper l’objectif en mini-objectifs quantifiables et atteignables facilement. Dans mon cas, pour espérer aller à la piscine, j’ai intérêt à m’inscrire à un cours, ou ancrer ma motivation en proposant à une ou deux copines d’aller nager ensemble. J’ai intérêt à réserver un créneau régulier dans mon planning, où je sais être disponible. Plutôt que vouloir lire, je fixe un temps de lecture de 15 mn trois fois par semaine, en choisissant le lieu (le canapé, le train), l’horaire et le livre.
- On compte trop sur notre volonté
La volonté doit être engagée, mais elle est fragile et se laisse facilement berner. Prenons le cas d’un élève qui peine à s’y mettre. Il a pris la résolution de travailler en rentrant de cours, avant le dîner. Mais fatigué par sa journée, il commence par prendre une pause goûter avec son téléphone. Deux heures plus tard, il se rend compte que son attention a été capturée par les réseaux sociaux… Il s’y mettra au mieux après le dîner. Il se sent coupable de ne pas parvenir à réguler son comportement, la spirale négative est enclenchée. Que faire ? Par exemple, déposer son téléphone dans la boîte à portable AVANT le goûter ou rester à l’étude, ou aller en bibliothèque pour travailler. Autrement dit, s’appuyer sur une contrainte extérieure.
- On n’est pas clair avec sa motivation.
Pour qu’une motivation perdure sur le long terme, trois besoins doivent être comblés : l’autodétermination (la personne doit avoir le sentiment que c’est vraiment elle qui a choisi de…) ; la compétence : le défi n’est pas élevé au point de donner l’impression qu’il est au-dessus de ses forces ; enfin, se sentir relié et soutenu dans un réseau amical qui partage les mêmes valeurs. Tant que la personne est motivée par la peur (des mauvaises notes, du cancer, du regard des autres…) ou la culpabilité, elle se prépare inconsciemment à échouer, car ce sont ces émotions négatives qui, “choisissant” pour elle, prennent le pouvoir. Sa partie “rebelle” (ce que nous appellerons son “moi enfant”) est en effet prête à se réveiller à n’importe quel moment, l’incitant à fumer à nouveau ou scroller sur Tiktok. Il est donc vital de trouver des raisons positives de vouloir changer. En matière scolaire, la motivation intrinsèque est souveraine. Il s’agit découvrir le plaisir de comprendre, parvenir à résoudre un problème difficile après avoir transpiré dessus ou éprouver la fierté d’avoir tenu son temps de travail jusqu’au bout.
Les grandes victoires se gagnent par des petits pas.
Je vous souhaite une année 2024 remplie de petits pas décisifs, pleine de confiance et de joie.