S’y mettre, pourquoi est-ce si difficile ?

Beaucoup d’étudiants qui viennent me voir souffrent d’une difficulté récurrente : ils ne parviennent pas à s’y mettre. Tant qu’ils sont en cours, ça va, car ils n’ont pas le choix. Mais quand il s’agit de travailler seul à la maison, c’est une autre affaire… Pourtant, ils veulent réussir, obtenir un bon diplôme et s’insérer dans la société, mais leur volonté semble se heurter systématiquement à un mur : la procrastination.


La procrastination, cette manie de remettre au lendemain, peut mener au décrochage des études. Comment expliquer ce phénomène ? Quelles sont ses deux principales causes ?

La flemme

La priorisation de nos activités n’est pas rationnelle. Même si nous nous astreignons à établir une liste de tâches, nous nous laissons facilement embarquer dans une activité qui n’a rien à voir avec le sujet. Je dois lire un article pour mon prochain livre, mais me retrouve bizarrement à regarder une vidéo de chats ou chercher une recette pour le dîner… Notre attention guide nos actions plus que notre volonté. Et notre attention est irrésistiblement attirée par ce qui est nouveau, brillant, facile, distrayant.

Tout le contraire du travail.

Nous procrastinons aussi sur des activités peu engageantes pour

l’intelligence (défaire sa valise, poster une lettre, tenir sa comptabilité, prendre rdv chez le médecin…), car elles ne sont pas amusantes, et l’on peut toujours trouver quelque chose de plus plaisant à faire dans l’instant.

Paradoxalement, les procrastinateurs sont actifs. Ils ne font pas rien. Ils s’occupent, souvent avec passion, à des activités tout à fait secondaires et créatives. A l’instar de Gaston Lagaffe, l’archétype du procrastinateur, qui s’endort sur sa pile de courrier mais déborde d’énergie pour inventer un ouvre-boîte automatique pour son chat….

Le perfectionnisme

Apprendre un cours, raisonner, rédiger, résoudre un problème en maths, sont des activités engageantes, impossibles à réaliser sans erreur du premier coup. Or, nous n’aimons pas nous retrouver en difficulté. Les tempéraments perfectionnistes ont peur de mal faire. Ils se mettent trop de pression sur le résultat. Le sentiment d’échec qu’ils éprouvent quand ils ratent sapent l’estime qu’ils ont d’eux même. Plutôt que constater leur impuissance, ils préfèrent ne pas se confronter à la difficulté en évitant la tâche. Selon Freud, notre anxiété nous inciterait à différer les activités stressantes pour privilégier des tâches agréables, générant un plaisir immédiat. Ce deuxième type de procrastination est plus difficile à déraciner, car elle est la conséquence d’une mauvaise relation à soi.

La procrastination aurait bondi de 300 à 400 % en 40 ans, selon Diane Ballonad Rolland, qui a écrit « J’arrête de procrastiner, 21 jours pour arrêter de tout remettre au lendemain », aux éditions Eyrolles. L’invention du Smartphones arme de distraction massive, explique en grande partie cette épidémie.

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